• Aven de Banicous

    Samedi 2 décembre 2023, visite de l'aven de Banicous, causse Méjean. Par Pauline.

    Équipage : Jo, Prisca, Mickael, Zack, Caillou, Pauline

    Nous sommes 4 au rendez-vous fixé au parking de la Grave, le 5ème ayant pris de l'avance sur la route et le 6ème, du retard ?

    L'objectif est d'aller toucher le fond de la cavité, à -344m. 

    Aven de Banicous

    Après une heure de route, le sommet du causse Méjean nous réserve un accueil glacial. Nous ne tardons pas à nous équiper (debout ou allongée au sol pour certaines ;) et descendre la grande doline qui nous gâte de quelques degrés supplémentaires grâce à sa végétation dense. L'entrée du trou est magnifique, il faut descendre quelques mètres au milieu de gros blocs sombres contrastés de mousses fluo pour accéder aux premières mains courantes. 

     

    P37, P 15, P 17 et P 53 mènent rapidement à la côte -147 m. Un petit lac turquoise obstrue le bas du P53, nous obligeant à penduler pour longer une vire d'une dizaine de mètres.  Économiser les mouvements, garder les bras tendus au maximum, chercher les oppositions. Partisan du moindre effort, et à force de pratique, le corps s'adapte rapidement à cette progression horizontale irrégulière.

     

    Une salle concrétionnée de petites stalactites tigrées révèle à son point bas 2 ressauts étroits qui se laissent désescalader avant de s'ouvrir vers un élégant méandre. Une faufilade en zigzag plus tard et nous voici au sommet de la grande verticale de 140 m coupée en P 22, P 94 et P 23. 

     

    La corde file pas spécialement bien, probablement gonflée par ses expériences passées et l'humidité ambiante. Il faut un peu la bourriner dans le descendeur pour accélérer cette looongue descente heureusement fractionnée. Apercevant enfin une plateforme d'atterrissage, on tire à soi le bout de corde pour y orienter ses bottes. Contact, capture, amortissement des mouvements, rigidification de la liaison, fermeture des crochets, vérification de l'étanchéité de la connexion, après un tel voyage on ne sait plus trop qui on est, un brin vaisseau Soyouz MS-03 en plein amarrage à l'ISS. 

    Aven de Banicous

    L'opération réussie, on enquille avec la descente de l'ultime puits et sa petite cascade sensationnelle qui en met plein les yeux et les oreilles (et un peu la combarde si on s'en approche, contre toute attente la gravité est toujours de mise dans cet environnement lointain). Les volumes sont encore différents, les coulées de calcites lisses des puits précédents ont laissé place ici à des récifs de type "choufleuriens". 

     

    Nous laissons nos mini-kits au pied de cette vaste salle pour suivre le cours d'eau qui après avoir dévalé 2 ressauts de 6 et 5 m s'engouffre dans un laminoir puis un dernier ressaut colmaté à la côte -344. Ça y est, nous avons touché le fond. 

     

    Les 3 plus malins entament le pique-nique qu'ils ont pensé à prendre avec eux au fond. Les autres se mettent en appétit en attaquant un bout de remontée. Un sandwich, une poignée d'amandes et il est temps de passer aux choses sérieuses. La portion du P94 jusqu'au premier fractio paraît interminable. La corde rebondissant à chaque poussée sur la pédale, on a l'impression de ne pas voir s'éloigner les frontales des collègues derrière. Prendre le parti de regarder droit devant permet de ne pas gamberger sur la distance qu'il reste à parcourir. Après quelques dizaines de montée/poussée et petits moulinets de repos pour les bras, un noeud de fusion finit par pointer enfin le bout de ses grandes oreilles et de basculer vers la suite, plus fractionnée et mentalement moins longue. 

    Aven de Banicous

    Malgré le froid sibérien qui y règne, le P37, dernière frontière entre ciel et terre se savoure. Le plus dur est passé et bien passé. Cette pensée suffit à nous réchauffer bien plus que le feu que nous allumons pour trinquer à cette nouvelle micro épopée souterraine.

    Pauline